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Critique Livre

Les Trente Glorieuses se dégonflent

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Les années de croissance et de productivisme acharné portaient en elles leur propre contestation.
publié le 9 octobre 2013 à 18h36

Certains mythes tenaces, comme celui des «Trente Glorieuses», méritent déconstruction estiment Céline Pessis et ses coauteurs qui considèrent que les trois décennies d'après 1945 devraient plutôt être qualifiées de «Trente Ravageuses» ou de «Trente Dangereuses». Les pays développés ont certes connu une croissance économique exceptionnelle et une augmentation considérable des niveaux de vie, mais la contrepartie fut des dommages sans précédents, abondamment décrits, et l'exploitation destructrice d'une nature alors considérée par les modernisateurs comme un cadre extérieur «sans fin et sans fond».

Ordinateur. La part d'ombre de ces années d'optimisme débordant pèse d'autant plus aujourd'hui qu'elles ont laissé en héritage un modèle de développement et surtout des habitudes de consommation dont il est difficile de se déprendre. La rhétorique des besoins est toujours à l'œuvre, l'ordinateur et l'accès à Internet ayant remplacé l'aspirateur et le frigidaire comme les biens indispensables pour tous.

L'intérêt du livre est d'abord de mettre en cause ce productivisme acharné, mais il est aussi dans son refus d'accepter l'idée largement partagée que la population française dans son ensemble aurait «joyeusement embrassé un modèle de société industrielle et technologique». Renaud Bécot souligne ainsi les résistances et les inquiétudes syndicales face à la nouvelle société en cours de gestation. La CGT critique «la mystification