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Libération
Critique livre

«Au revoir là-haut», poilus et approuvés

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La vie des combattants après la Grande Guerre, roman de Pierre Lemaitre.
Près de Verdun en 1916. (Photo AFP)
publié le 9 octobre 2013 à 18h36
(mis à jour le 4 novembre 2013 à 12h58)

Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013 : Pierre Lemaitre a été sacré lundi par le prix Goncourt au terme d'un vote très serré pour «Au revoir là-haut» (Albin Michel), roman sur une génération perdue, les démobilisés de la Première Guerre mondiale, sacrifiés par une France exsangue après quatre ans d'horreur dans les tranchées. L'auteur, qui était l'un des favoris, a été choisi par le jury au douzième tour par six voix contre quatre à Frédéric Verger pour son premier roman, «Arden» (Gallimard). (AFP, actualisé le 4 novembre 2013)

Pierre Lemaitre, auteur de romans policiers passé au roman historique, a une conception facétieuse du suspense. Par exemple, cette phrase : «Albert Maillard, soldat, vient de mourir.» Vous y croyez, car Albert est englouti dans un trou d'obus recouvert de boue, nez à nez avec une tête de cheval putréfiée. L'air manque. Soixante-dix pages plus loin, l'autre héros, Edouard Péricourt, dessine une tête de bourrin semblable à celle qu'Albert a fréquentée. Puis il est écrit : «Il ne dessinerait jamais plus.» Les deux affirmations diffèrent dans la mesure où la seconde relève du discours indirect libre, c'est le point de vue d'Edouard en aparté. Mais elles ont en commun d'être l'une et l'autre mensongères.

Compagnie. Edouard continuera de dessiner, comme il l'a toujours fait. Il parviendra même à gagner des millions, en croquant non des chefs-d'œuvre de beauté, mais des horreurs : «Réus