Il y a quelques années, Michel Serres avait déclaré à la radio qu'Astérix faisait l'apologie de la violence fasciste et de la drogue. Le philosophe tintinophile (alors que Hergé est pour le coup l'objet de véritables polémiques sur son passé collaborationniste) était bien vite revenu sur ses analyses, un peu rapides. Mais il est vrai qu'il est toujours tentant d'assimiler les Gaulois de René Goscinny et Albert Uderzo à des nationalistes castagneurs, d'autant que les voyages du petit moustachu portent en apparence le lecteur à se moquer des Corses, des Espagnols, des Britanniques, des Suisses, etc. et à admirer la culture franchouillarde (bonne chère et bonne compagnie) comme le summum de la civilisation.
Pourtant, à y regarder de plus près, les aventures d'Astérix sont plutôt au second degré. Nicolas Rouvière, maître de conférences en littérature française à Grenoble et auteur d'Astérix ou les lumières de la civilisation (PUF, 2006) et Astérix ou la parodie des identités (Champs-Flammarion, 2008), livre dans le catalogue de l'exposition «Astérix à la BNF !» (lire page 2) une série de clés de lecture pour comprendre l'interculturalisme de la série et la place qu'y occupent les «barbares».
Vous écrivez que l’ennemi dans Astérix est moins le Romain que le Barbare. Astérix est donc vraiment xénophobe ?
Cela fait partie des lectures idéologiques et stéréotypées qui ont été accolées à la série dès sa création en 1959. Les premières critiques, entre autres dans l'Express, ont évoqué la dimension nationaliste de la BD, le repli, la logique du village,