Petite-fille de Queneau ? A moins que ce ne soient les gènes de Prévert dont la célèbre anthropologue aurait hérité ? Ce petit livre est en tout cas encore plus exotique et inclassable que le précédent, le Sel de la vie.
Gageons que l'auteur a longuement pioché dans sa mémoire et dans sa culture d'ethnologue pour l'écrire. Ecoutons-la décrire l'exercice : «Je suis entourée de mots dans une forêt bruissante où chacun se démène pour attitrer l'attention et prendre le dessus, retenir, intriguer, subjuguer, et chacun aspire à ses échappées belles. Comme si on les sortait de leur prison. Tous ces mots qui dansent, se déhanchent, ondulent autour de moi et m'entraînent dans la grande ronde de la fantaisie première. Avec le bricolage surprenant et inattendu des figures qui surgissent alors, on entre dans le grand capharnaüm de la liberté créatrice où tout est permis.»
Panoplie. Le lecteur se régale - ô combien - à la découverte du trésor de la langue française ordinaire qu'il a sous les yeux sans la voir, qu'il emploie tous les jours sans réaliser ce qu'il manie : quand il dit par exemple «être sur des charbons ardents» ou «bouillir d'impatience», ou d'une idée qu'«elle est claire comme de l'eau de roche». Ce sont des raccourcis fulgurants dont l'économie de moyens et la brièveté recouvrent, dit l'auteur, une large panoplie de cheminements et d'évocations sous-jacentes. Sans compter que chaque langue a son propre trésor où puiser