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Akerman retourne chez sa mère

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Le cahier Livres de Libédossier
Autofiction possédée de la cinéaste
publié le 23 octobre 2013 à 19h16

SPECIAL FIAC. Le commentaire d'Albertine de Galbert, directrice du réseau artesur.org: «La Felicidad (le bonheur) est une série de 20 photos tirées d'un album de famille de l'artiste. Rephotographiées au flash, les images déjà jaunies disparaissent presque tout à fait. Cette distanciation n'est pas qu'une mise en abîme de l'objet de la tendresse, c'est aussi une réflexion sur notre mémoire.»

C'est plutôt bon signe quand un écrivain écrit que tout ce qu'il écrit ne vaut pas un clou, même pas le prix d'une corde pour se pendre. Chantal Akerman à cet égard ne perd pas de temps. Dès la première ligne de Ma mère rit, récit violemment, douloureusement, autobiographique, elle dit : «J'ai écrit tout ça et maintenant je n'aime plus ce que j'ai écrit.» Quelques pages plus loin elle martèle et se porte le même coup : «J'ai relu ce que j'ai écrit et cela m'a profondément déplu. Mais que faire, je l'ai écrit. C'est là.» Impudeur de la pudeur, orgueil de timide, vont dire les cuistres, les méchants et les idiots. Plutôt une inquiétude de fond, une incertitude constitutive, portée à la puissance du fameux fatalisme hautain de Beckett : «bon qu'à ça». Ce qu'il faut démonter et démontrer pour dire que Ma mère rit nous a profondément plu et qu'on aime ce que Chantal Akerman écrit.

Nous, c'est-à-dire nous autres. C'est-à-dire pas grand monde. Une confrérie discrète peut être, une socié