Après une vie de chefs-d'œuvre et de scandales - via ses romans, ses pièces de théâtre et ses interventions publiques -, Thomas Bernhard est mort en 1989, à 58 ans. Deux nouveaux volumes de l'écrivain autrichien qui n'en avait jamais fini d'insulter l'Autriche paraissent cependant aujourd'hui. Sur les traces de la vérité est en quelque sorte les dits et écrits de Bernhard, regroupant trente-cinq années de discours, lettres ouvertes, entretiens et articles, depuis le premier, en 1954, prononcé pour le centenaire de la naissance de Rimbaud, jusqu'au dernier, pour éviter qu'on ne ferme ce «trésor inestimable» qu'est le tramway de Gmunden, ville où il mourut un mois plus tard. Qu'on se rassure : entre les deux, les textes (qui ne sont pas tous inédits en français) manifestent la plupart du temps une extrême violence.
Goethe se mheurt est un recueil de fictions composé de quatre récits, brefs puisque l'ensemble fait une centaine de pages. Les textes datent de 1982 et 1983, c'est-à-dire d'une période particulièrement riche où Bernhard publie Béton, Un enfant, le Neveu de Wittgenstein et le Naufragé (juste avant Des arbres à abattre, en 1984, qui lui vaudra un nouveau scandale). Sa phrase répétitive, obsédante et agressive, y fonctionne avec une efficacité dévastatrice. Le récit qui donne son titre au recueil s'achève ainsi, Goethe se retrouvant enrôlé dans la rage bernhardienne : «Or en réalité, les tout de