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Libération
Critique

Chéries la Fronde

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La place des femmes dans l’insurrection du XVIIe siècle
publié le 30 octobre 2013 à 18h26

Evoquer les Frondeuses se résumait jusqu'à présent à convoquer les figures des Dames de la noblesse de France bataillant lors du conflit entre la royauté - sous la régence d'Anne d'Autriche - et les Grands du royaume, de 1648 à 1653. Le livre de Sophie Vergnes, riche d'informations factuelles et d'analyses fines, dépasse cette représentation, en s'interrogeant sur la dimension féminine de la révolte, tant dans sa possible émergence que dans son expression et dans sa portée. Pour ce, il débute en 1643 avec cette régence qui brouille les images du pouvoir, postulé exclusivement masculin dans une France qui, au nom de la nature et de la loi salique ainsi instrumentalisée, théorise alors l'exclusion des femmes du trône et du politique ; or, la présence, malgré cela, d'«une femme au sommet de l'Etat» contredit cette norme de genre et modifie immédiatement les «rituels, les discours mais aussi les pratiques de pouvoir», mais, souligne Vergnes, la position de la régente est fragile : sa seule légitimité est d'être la «mère-relais» de son royal fils, trop jeune pour assumer ses fonctions. Si ce contexte est une opportunité pour les femmes de l'aristocratie d'«investir la scène politique», les Frondeuses hériteront de cette posture : jamais, démontre toute l'étude, elles ne pourront agir en leur nom, malgré les déclarations dans ce sens de la Grande Mademoiselle : elles seront écoutées, suivies, reconnues, uniquement parce qu'elles sont mères de, é