On dirait le Sud. Le début de la Main de Joseph Castorp, premier roman du Portugais João Ricardo Pedro, littérairement, rend un son familier. Sur le ton de la chronique, «un petit village au nom de mammifère, coincé au pied de la montagne de Cardunha» vaque à ses affaires de village, cependant que la patrie vire de bord. Les militaires font tomber le gouvernement de Marcelo Caetano. Nous sommes le 25 avril 1974, les événements passeront à la postérité sous le nom de Révolution des œillets. Dans la noble demeure du docteur Augusto Mendes, on s'intéresse à la politique, en termes imagés. On s'intéresse aussi à l'autre nouvelle du jour.
Vestiges. «Une chose semblait certaine» est la première phrase du livre : Celestino est sorti de bon matin, il a disparu, on le retrouve assassiné. Tout commence donc par l'histoire de Celestino, racontée du point de vue d'Augusto Mendes qui l'a remis sur pieds lors de son arrivée au village, en 1934, borgne et loqueteux. Il lui a donné un œil de verre, grâce à quoi Celestino prétendit mieux voir et retrouva figure humaine. Il lui a procuré un toit, et un travail : aménager un terrain de football. Un inspecteur de police, à la fin du roman et du XXe siècle, conscient de n'avoir pas sa place au paradis, se promène parmi les vestiges d'un terrain de foot. Serait-il par hasard le meurtrier de Celestino ? Le nom de la montagne, Cardunha, signifiant «refuge» en arabe, quel enn