Romans
«Je vous raconte des histoires. Faites-moi confiance.» En 1805, le jeune Henri sert avec bonheur sa volaille à Napoléon Bonaparte, avant que, devenu soldat, le vent ne refroidisse ses illusions. Pendant ce temps, à Venise, la séduisante Villanelle se travestit, triche au casino et tombe sous le charme d'une Dame de pique qui lui vole littéralement son cœur. Pris au jeu, Henri suit Villanelle dans les tours et détours de la «cité des déguisements», entre l'histoire et les mythes. «Peut-être que nos vies se déploient autour de nous comme les branches d'un éventail et que nous ne pouvons en connaître qu'une, sauf à en deviner d'autres par inadvertance.» Idéal androgyne au carrefour des genres (littéraires, sexués), on pense à l'Orlando de Woolf. Publié en 1989 chez Robert Laffont sous le titre la Passion de Napoléon, le texte révisé se lit à la lumière du succès de Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? (l'Olivier, 2012). Sans filet autobiographique, Winterson peut déstabiliser ; tout à sa féerie, elle est surtout plus libre. T.St.
«C'est aussi une tâche qui exige du courage : rester», annonce l'exergue. En avançant, on comprend qu'il s'agit de rester après ceux qui sont partis. «Les roses se figent. Prises dans le gel contre le mur blanc de la maison, attachées contre le mur par les fils de laine rouge […]. Des mûres et des champignons ; dès que nous le pouvions, nous nous promenions dans la forêt et