«Mais je ne tue que les méchants !» L'œil rieur sous la mèche blanche qui flirte avec des lunettes cerclées, le professeur Jean-Marc Cosset plaide non coupable. Longtemps chef du département d'oncologie-radiothérapie de l'Institut Curie à Paris, il a passé la plus grande partie de sa vie à traiter des cohortes de patients, à scruter des milliers de prostates, à traquer la moindre métastase et à lutter contre cette «saloperie de cancer». Alors, à ses moments libres, souvent dans les halls d'aéroports entre deux avions qui le mènent d'une conférence scientifique internationale à Atlanta (Etats-Unis) à un colloque sur la radioprotection à Córdoba (Argentine), il écrit des polars et règle impitoyablement ses comptes avec les puissants et les «méchants». Dans son nouveau roman, Radium Girl, il se sert d'ailleurs des radiations pour les trucider car «rien n'est poison, tout est poison. Tout est dans la dose», remarque-t-il en soulignant les effets guérisseurs mais aussi mortels des rayons. La voix pétille sous un accent parigot qui traîne en fin de phrase, et le tutoiement tout proche contraste avec la chemise blanche au col serré par une cravate noire un rien austère.
A 67 ans et donc officiellement à la retraite, Jean-Marc Cosset ne peut plus enseigner car «c'est le système français». Mais il cumule les fonctions : un mi-temps à Curie, une