Que certaines activités économiques puissent avoir des effets destructeurs irrémédiables sur l'environnement, l'idée remonte à la Renaissance. Ainsi, dès la fin du XVe siècle, l'intense déforestation autour de Venise était perçue comme un danger car elle favorisait l'élévation des eaux dans la lagune. De même, au XVIIe siècle, les Européens eurent conscience de l'impact négatif de leur agriculture de plantation alors en plein essor dans les îles tropicales.
Sur ces îles, généralement petites, les conséquences de la déforestation étaient rapidement observables. Une solution était de se déplacer vers d'autres lieux, comme le firent les Hollandais qui en arrivèrent à déménager leurs plantations jusqu'au Brésil. Cette solution ne fut cependant plus envisageable au XVIIIe siècle avec l'occupation plus intense des espaces. Que faire désormais ? Pour le savoir, Richard Grove s'est intéressé à l'île Maurice, colonie française depuis 1721, dont l'intendant, Pierre Poivre, aurait été le premier Occidental à conduire une politique de préservation écologique.
Influencé par les écrits des économistes physiocrates qui privilégiaient l'agriculture, mais également connaisseur des techniques horticoles chinoises et des méthodes indiennes d'irrigation et de plantation, Poivre s'opposa à l'abattage excessif d'arbres sur l'île Maurice, cause majeure de la baisse des précipitations. S'appuyant sur des pratiques précoloniales, il imposa aux planteurs blancs une poli