Acte I. [Un matin de la mi-octobre, pluvieux puis subitement ensoleillé. La journaliste, reconnaissable à son fatras, carnet de notes, journal, sac qui déborde, s'est assise en terrasse du café choisi par l'écrivain : Chez Aimé et Odette, rue de Maubeuge, IXe arrondissement. Les chaises proposent des couvertures, attention très en vogue dans le Paris cosy. La journaliste scrute la rue et bientôt reconnaît l'écrivain Eric Reinhardt (prononcer «raïnhart»), à sa coiffure toute lynchienne, grande mèche claire repoussée vers l'arrière. Il est globalement smart, dans le genre classique, bleu marine noir. Seule coquetterie, un foulard et un grand parapluie façon Brummell et sa canne. Il la rejoint en souriant.]
La journaliste : Ça vous va, ici ? Comme ça, on pourra fumer…
Eric Reinhardt : Très bien. Mais je ne fume plus, depuis 2007.
La journaliste :(Fumant.) Comment avez-vous fait ?
Eric Reinhardt : J’étais un gros fumeur, jusqu’à deux paquets par jour, et ça ne faisait qu’empirer, je me suis dit que ça n’était plus possible. En même temps, j’avais peur d’arrêter, que ça me bloque dans l’écriture. J’ai consulté, à l’hôpital, et puis un jour, après un week-end passé à énormément fumer, c’était fini. Depuis, je n’y pense même plus.
[La journaliste le scrute, semble douter, mais l'écrivain au regard cyandégage la sérénité du juste. Elle se dit que pour lui, il doit en aller de la réalité comme de la fiction : i