Menu
Libération

J’aime Finkielkraut !

Article réservé aux abonnés
publié le 8 novembre 2013 à 18h06

J'avoue que j'apprécie beaucoup Alain Finkielkraut en dépit de ses idées réactionnaires, droitières et même délirantes. Le fait qu'il soit aux antipodes de mes positions politiques n'y fait rien. Et ce non pas parce que «la vérité ne change pas un homme», comme l'écrivait Graham Green. Bien au contraire. Si Alain Finkielkraut est si sympathique, drôle et attachant, c'est aussi par les choses hallucinantes et inconcevables qu'il est capable de prononcer. Je le vois comme un personnage de roman dont le but quasiment obsessionnel est de faire l'apologie des idées les plus insoutenables. Et ce avec une telle conviction, une telle éloquence et tant d'émotion !

C'est pourquoi son dernier livre, l'Identité malheureuse (Stock), ne m'a pas étonnée. Ce qu'il y écrit, il l'avait déjà crié ou chuchoté ici et là. Cet homme est ce qu'il est. Il ne fallait pas s'attendre à ce qu'il écrive un manifeste gauchiste, libertaire, internationaliste sur l'identité française. Alain Finkielkraut n'est pas coupable de jouer le rôle d'Alain Finkielkraut. Alors que le brouhaha qu'en ont fait les médias, surtout les bien-pensants ou de gauche au point d'en faire un best-seller, est, en revanche, une tout autre affaire… Leur fonction a été de faire sortir de la fiction les idées loufoques de ce curieux personnage, de les prendre au sérieux. Et ce moins pour se donner le luxe de «les combattre» que pour se livrer à leur mission favorite : nourrir la peur de l'extrême droite.

Car aussi bien