On avait laissé Thomas s'envolant dans les airs, après l'avoir suivi tout l'été dans le cahier spécial de Libération. Le héros du Mâle occidental contemporain semblait apaisé. Au contraire de la polémique. Quelques jours après la fin de la prépublication de la BD de François Bégaudeau et de Clément Oubrerie sortait, toujours dans notre quotidien, une tribune de la journaliste Sophie Courval et des sociologues Sylvie Tissot et Mathieu Trachman. Ils y dénonçaient une vision de «ces femmes "émancipées" qui pose problème : sans affects et sans égards, froides et hautaines, en un mot, déshumanisées».

Bigre, que nous raconte cette histoire qui vient de paraître chez Delcourt (et en couleurs) ? Celle de Thomas, un trentenaire complètement perdu face aux femmes. Avec légèreté et humour, les deux auteurs mènent le personnage de déconvenue en déconvenue. Malgré tous ses efforts, il se retrouve invariablement seul, dépassé par une gent féminine qui aurait pris le pouvoir. Mais il mérite ses échecs. Il est le plus souvent maladroit ou lâche, déçu quand les filles ne veulent pas, apeuré quand elles prennent trop d’initiatives. A croire qu’il n’y a que lui qui pourrait décider du moment et de la manière. La prépublication en doubles pages a peut-être parfois brouillé les cartes, donnant l’impression que les auteurs s’engouffraient dans ce mythe d’une perte de repères totale des «mâles». Au contraire, Bégaudeau et Oubrerie jouent avec et savent très bien que les r