Menu
Libération
Critique

Kesey sort du bois

Article réservé aux abonnés
Un roman oublié de l’auteur de «Vol au-dessus d’un nid de coucou», paru en 1964 aux Etats-Unis
publié le 13 novembre 2013 à 18h06

La grande idée, en l'occurrence, a jailli d'un banal brainstorming entre éditeurs. Dominique Bordes (l'homme derrière Monsieur Toussaint Louverture) et Benoît Virot (l'un des deux derrière Attila) travaillaient sur ce qui allait devenir Perdus/Trouvés (2007), une «anthologie de littérature oubliée» qui réunissait des écrivains comètes aujourd'hui rayés de la mémoire collective. Parmi les maudits listés, le cas Ken Kesey, lequel n'est finalement pas choisi. Car on connaissait Kesey, du moins le roman tenu pour son chef-d'œuvre, Vol au-dessus d'un nid de coucou (1962), traduit en France chez Stock en 1963 sous le titre la Machine à brouillard et rendu classique par le film de Milos Forman avec Jack Nicholson en 1975. Mais on ne connaissait que cela. Ce n'était pas le cas outre-Atlantique où Sometimes a Great Notion (1964), sans atteindre les sommets du Coucou, bénéficiait également d'un grand capital respect et d'une belle adaptation ciné (par Paul Newman en 1970). L'injustice est réparée par Toussaint Louverture presque cinquante ans après la publication américaine : en français, ça donne Et quelquefois j'ai comme une grande idée, objet clignotant sorti comme le lapin du chapeau.

«Comment publier un livre pareil en France ?» C'est, raconte Dominique Bordes, la première question à laquelle il a fallu répondre. A l'époque, Monsieur Toussaint Louverture n'existait pas sous sa forme actuelle,