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interview

Raphaël Confiant : «Des Antillais tombaient sur des Blancs qui ne savaient pas lire»

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Qui étaient ces bataillons créoles, titre de son dernier livre ? L'écrivain antillais raconte cette histoire de la Première guerre mondiale, et les anecdotes que rapportaient les gueules cassées de retour aux îles.
publié le 14 novembre 2013 à 12h55

A l'occasion de la sortie de son dernier roman, le Bataillon créole (Mercure de France), l'écrivain martiniquais Raphaël Confiant a accepté de répondre aux questions de Libération. Nous l'avons joint par mail.

Qu’est-ce que le «bataillon créole» ?

Il s’agit de la désignation officielle, par les autorités militaires françaises, des soldats antillais, guyanais et réunionnais, engagés, durant la Première Guerre mondiale, à la fois sur le front européen et sur le front d’Orient. En 1914, pour la première fois, ceux-ci furent intégrés à l’armée française en tant que soldats de plein exercice, et non comme volontaires comme cela avait toujours été le cas. Ce changement de statut s’inscrit dans le cadre d’une revendication ancienne, visant à transformer les «vieilles colonies» (Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion) en départements français. Le bataillon créole monta donc au front avec l’idée de payer ce qu’on appela à l’époque «l’impôt du sang».

A-t-il été difficile de vous documenter sur le sujet ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il existe un nombre respectable d’archives tant en France qu’aux Antilles concernant la vie de nos soldats : leurs difficultés d’adaptation, les combats auxquels ils ont participé, ceux qui tombèrent au champ d’honneur, les décorations qu’ils ont obtenues… Il existait même un échange de courriers réguliers entre les soldats créoles et leurs familles restées au pays, y compris quand les premiers avaient été faits prisonniers par les Allemands et croupissaient dans des camps. A côté de toutes ces sources écrites, i