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Portrait

Doris Lessing, livre penseuse

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Le cahier Livres de Libédossier
Disparition. La Britannique, prix Nobel de littérature en 2007, est morte hier à l’âge de 94 ans.
publié le 17 novembre 2013 à 21h21

Un beau et grand personnage vient de disparaître. La romancière britannique Doris Lessing, l'auteur du Carnet d'or, est morte hier à Londres, à 94 ans. Lauréate du prix Nobel en 2007, une récompense qui couronnait une carrière riche de plus de cinquante livres, elle n'avait pas pu se déplacer, mais envoyé son discours à Stockholm. On peut le lire dans une anthologie récemment parue (1). Il s'appelle «Comment ne pas gagner le prix Nobel», et parle, en apparence, d'autre chose. «Postée sur le pas de la porte, je regarde, entre des nuages de poussière volante, dans la direction où il reste encore des forêts sur pied, c'est ce qu'on m'a dit.» La scène se passe dans une école, au début des années 80, au Zimbabwe, anciennement Rhodésie du Sud, où Doris Lessing est arrivée à l'âge de 6 ans, en provenance d'Iran où elle était née. Dans cette école, il n'y a rien, pas de manuels scolaires, pas d'atlas, pas de cartes. La bibliothèque contient quelques volumes inutilisables, «des ouvrages de rebut des bibliothèques des Blancs». Passant de la déforestation à l'absence de livres, Doris Lessing continue son discours en évoquant une conférence à Londres, «dans un très bon établissement». Là, les enfants ont tous les livres qu'ils veulent. Mais ils ne lisent pas.

Chamans. Doris Lessing est tout entière dans ce texte, qui explique qu'on ne peut devenir écrivain si on n'a pas lu (il n'y avait pas d'argent chez ses parent