Arden a de quoi susciter chez le lecteur l'ennui le plus profond ou le plus déconcertant enchantement. Dans le premier cas, il lui sera insupportable d'être pris dans un texte aussi dense, stylistiquement léché, lourd des réminiscences de classiques rébarbatifs. Un roman si touffu qu'il en oublie les ruptures de chapitres, insère des digressions à tiroirs, des situations invraisemblables, ajoutant même des livrets d'opérette un peu minables. Dans le deuxième cas, il se laissera prendre par la main du conteur-auteur dès la première phrase de la taille d'une perche. «Quand nous étions enfants…» démarre ainsi le narrateur, qui écoutait alors les histoires abracadabrantes d'une grande tante à Montreuil. Objet brillant et inclassable dans son genre, le premier roman de Frédéric Verger, 54 ans, professeur de français, a du coup frôlé le prix Goncourt, puis le Médicis, et continue sa course.
Huis clos. C'est parti pour un voyage vers un pays qui n'existe pas, un confetti, coincé entre la Hongrie, la Roumanie et l'Ukraine. Ce flamboyant royaume qui s'appelle la Marsovie, en référence à la Veuve Joyeuse , espère traverser la Deuxième Guerre mondiale sans encombres. Le contexte temporel apparaît longtemps comme un prétexte, tant l'histoire semble se dérouler en huis clos, dans un millefeuille qui ne laisse percevoir que très tard où l'auteur veut en venir.
Dans cette Marsovie, au fin fond d'une forêt aux contours