La lettre de maman
«Il y a plusieurs niveaux dans cette image. Le premier est le court texte autobiographique que j’ai tapé et envoyé à ma mère en 1983, il raconte comment elle a arrêté de m’embrasser pour me dire bonne nuit quand j’avais 7 ans. Je lui avais demandé si elle se souvenait de cet incident. Elle m’a renvoyé le texte quelques mois plus tard, sans réponse à ma question, mais avec de nombreuses remarques sur le style, à l’encre rouge, c’est le deuxième niveau. Le troisième, c’est mon récit de tout cela, aujourd’hui.
«J’ai gardé cette page pendant trente ans, sentant que c’était important, sans savoir exactement pourquoi. Après coup, je vois que, dans ce document, ma mère m’encourageait et en même temps me décourageait d’écrire. Je suis restée découragée pendant de longues années après l’avoir reçu, mais j’ai beaucoup appris de cette page et, quand j’ai enfin commencé à écrire sur ma vie, j’étais un meilleur écrivain.
«Pour moi, cet échange est très lié à une scène de mon livre où le psychanalyste Winnicott envoie un article à son mentor, Mélanie Klein. Elle le lui renvoie non seulement couvert de corrections et de critiques, mais physiquement découpé et réarrangé, une sorte de castration. Dans les deux situations, un jeune écrivain reçoit une critique constructive d’un écrivain plus âgé. Mais il y a aussi un fort élément de critique destructive qui provient de la jalousie de l’écrivain plus âgé. C’est un mélange puissant et déconcertant.»
Une page manuscrite de Virginia Woolf
«Pendant que je travaillais sur ce livre, j’ai s