En 1951, dans une lettre adressée à un certain D.J. Ibberson, Raymond Chandler levait quelques mystères sur la vie de Philip Marlowe, le héros qu'il avait créé une quinzaine d'années auparavant. Avec une certaine réserve, de celle qu'on utilise en parlant d'un homme qu'on ne connaît pas très bien, l'auteur donnait des informations qui n'ont jamais figuré dans les romans. Notamment que Marlowe était originaire de Santa Rosa, une petite ville du nord de la Californie, qu'il avait fait des études convenables assorties de quelques années d'université dans l'Oregon, sans parvenir à se rappeler si c'était celle d'Eugene ou celle de Corvallis, qu'il avait pratiqué le football (américain, bien sûr), récoltant au passage une fracture du nez. Chandler disait aussi que Marlowe avait été détective pour le compte d'une compagnie d'assurances, puis pour celui des services du District Attorney (procureur) de Los Angeles avant d'en être évincé car, «à un certain moment, il s'est montré trop efficace». Il disait enfin ne pas connaître sa date de naissance précise mais, pour lui, Marlowe avait dit avoir 38 ans, avant d'ajouter que c'était il y a longtemps et que, depuis, il n'avait pas vieilli.
S’il ne fait aucun doute que Philip Marlowe aura éternellement 38 ans, il paraît séduisant sinon plausible, par jeu littéraire et par la grâce d’une petite soustraction, de déterminer que le détective le plus célèbre du polar américain a vu le jour en 1913. Outre un centenaire que personne, à p