Menu
Libération
Critique

Chicaghetto

Article réservé aux abonnés
La brutale expansion de la capitale du Midwest, marquée par les tensions raciales et sociales
publié le 27 novembre 2013 à 17h26

Dissipons d'emblée une équivoque. Le touriste qui, après avoir arpenté le Magnificent Mile ou flâné le long du lac Michigan, se plongera, pour en savoir plus, dans l'histoire qu'Andrew Diamond et Pap Ndiaye consacrent à Chicago en sera pour ses frais. Le nom de l'architecte Frank Lloyd Wright ne figure pas même à l'index. En revanche, le lecteur trouvera dans cette fresque une stimulante étude politique des rapports entre les communautés, à commencer par les tensions qui opposent Blancs et Afro-Américains depuis le XIXsiècle.

Chaudron. De fait, les rapports interraciaux - pour employer une grille états-unienne - sont, aujourd'hui comme hier, placés sous le sceau de la complexité. Car, aux yeux de bien des Noirs, Chicago put apparaître dans le second XIXe siècle comme une terre promise. Grâce aux abattoirs, aux chemins de fer et aux industries, le travail ne manquait pas. Et le racisme, bien que présent, échappait à la violence barbare qui frappait le Deep South. Du coup, des milliers d'hommes et de femmes empruntèrent le chemin du Nord pour fuir la misère et les persécutions, contribuant ainsi au dynamisme économique d'une ville en expansion. Ne dépeignons cependant pas le tableau sous de trop amènes couleurs. Les conflits ne tardèrent pas à surgir, attisés par le manque lancinant de logements et l'intensification des luttes sociales sauvagement réprimées par un patronat qui, tout en se montrant parfois paternalist