Romans
Laurent Audret Des enfants
Une soixantaine de petits paragraphes, sans indication de temps ou de lieu. Et un récit qui se construit, où il est question d'enlèvements d'enfants, de tortures, de meurtres. Avec son premier roman, Laurent Audret offre une vision fragmentée de l'esprit des contes de Grimm qui, à lire, sont infiniment plus osés que leurs versions édulcorées, aujourd'hui lues aux petits. Les «victimes» et les «bourreaux» s'échangent les voix. Les enfants : «C'est devenu notre fierté, cette terreur qui s'allume doucement dans nos yeux au moment qu'ils ont envie de nous.» Les ogres : «Au fond, ça disparaît sans poser de questions, un enfant, ça s'arrache à sa maison, à ses petites habitudes et puis ça se replante dans un trou au cœur d'une forêt.» Les lunettes du moralisme ne servent à rien pour lire Des enfants. Tant mieux. S'il est fait mention de sévices, ils ne sont pas détaillés. Et c'est sans doute cette absence, très douce, qui saisit le plus, et laisse l'esprit se sentir conscient (et peut-être même coupable) de sa propre imagination. C.Gh.
Jacques Roumain Gouverneurs de la rosée
S'il ne fallait retenir qu'un livre de Jacques Roumain, ce serait celui-là. Considéré comme son chef-d'œuvre, Gouverneurs de la rosée est le dernier roman de l'écrivain haïtien, qui l'acheva un mois avant sa mort, en 1944. Il raconte les affres d'un village frappé par la sécheresse. A