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Critique Livres

«Alphabet City», les grands paumés de la Big Apple

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Premier roman et triple crise d’ados d’Eleanor Henderson
Devant le club CBGB en 2005. (Photo Getty Images)
publié le 18 décembre 2013 à 17h06

De quoi Alphabet Cityest-il le nom ? D'abord, d'un ancien quartier craignos de New York, calé dans le Lower East Side, devenu emblématique. Dans les années 80, c'est la salle de concert géante des mouvements punks hardcore, peuplée de jeunes fauchés, de drogués et de sans-abri qui squattent dans des immeubles insalubres. Ceux qui ont été remplacés par les hipsters et cadres trentenaires. Sous la plume d'Eleanor Henderson, Alphabet City est un décor prégnant, presque un personnage de roman. L'auteur a mené à bien un travail de recherches historiques pour recomposer avec succès l'ambiance des rues et des clubs (le CBGB) des années 80.

Skate-board. La trame d'Alphabet City commence pourtant dans une petite ville du Vermont. A Lintonburg, Jude et Teddy, deux ados aussi glandeurs qu'inséparables, passent leurs journées à faire du skate-board et à fumer de l'herbe. Leur rencontre avec l'effrontée Eliza, intello de bonne famille à la dérive, met fin à leur train-train quotidien. Dans la tranquillité d'une nuit, allongé dans la neige, Teddy décède d'une overdose. A jamais chamboulé, Jude, 16 ans, part s'installer dans la capitale avec son dealer de père. Il y retrouve la jeune fille et croise le chemin de Johnny, le grand frère de Teddy.

L'aîné les initie au mouvement punk radical, le straight edge, tellement extrême qu'il porte en lui les conditions de sa perte. Ce «Monsieur Propre», tout aussi paumé que ses benjamins,