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Dans l’atelier du critique d’art

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Georges Limbour de Braque à Dubuffet.
Georges Limbour à Bry-sur-Marne, chez Gaëtan et Geneviève Picon, vers 1948. (Photo Geneviève Picon. Collection particulière )
publié le 18 décembre 2013 à 17h06

Comment écrire sur l'art ? Comment jouer d'une flûte qui enchante les autres au point de les faire entrer dans le tableau, le dessin, le corps même de l'artiste, d'un œil précis, d'un cœur léger, comme s'ils y avaient toujours vécu ? De 1924 à 1969, à partir de 1944 surtout, l'écrivain Georges Limbour, l'auteur des Vanilliers et de la Pie voleuse, a possédé cet instrument et il ne cesse d'en jouer.

On réunit pour la première fois, au Bruit du temps , l'essentiel de ses écrits sur l'art. Ce sont des lingères frémissantes de réussite et de curiosité. Limbour parle non seulement des tableaux, mais aussi de l'art des cocktails, des cartons d'invitation, des menus parisiens, des défilés de haute couture, de la concurrence entre peintres pour décorer des chapelles provençales - tous les textes filant dans la même direction, avec la même liberté d'approche et de digression, fuyant la mort et l'esprit de sérieux sur le même ton. Ils ont été publiés dans divers journaux disparus (Action, le Spectateur des arts, le Pays, Derrière le miroir, France Observateur, les Lettres nouvelles), dans des plaquettes et des catalogues d'exposition. Edités chronologiquement, préfacés mais sans appareil de notes, ils constituent une œuvre en soi : le produit littéraire d'un regard et d'un corps en mouvements sur la page, guidé par les amis (Masson et Dubuffet) et les phares (Klee, Braque, Picasso, Kandinsky, dans une moindre mesure Staël, Modigliani, Léger, Chagall