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La traite à fond de cale

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Récits d’esclaves ou de marchands entre l’Afrique et l’Amérique
publié le 18 décembre 2013 à 17h36

Le point commun de ces deux ouvrages est de s’intéresser aux esclaves, leurs parcours et leurs devenirs d’Africains asservis plutôt qu’à l’approche de l’esclavage et de la traite comme mécanisme économique. Catherine Coquery-Vidrovitch et Eric Mesnard analysent la migration dans sa globalité, de l’intérieur du continent africain jusqu’aux plantations américaines. Leur objectif est de réintroduire les acteurs africains en tant que partenaires à part entière du système atlantique. La grande majorité fut victime de la traite, mais certains furent aussi les pourvoyeurs des Européens en êtres humains. Les auteurs s’intéressent en particulier à l’un des moins connus de ces intermédiaires, le marchand africain, dont certains, devenus captifs à leur tour, ont laissé des récits de leur vie.

L’esclavage était une institution ancienne en Afrique, comme quelques historiens du continent l’ont bien montré, qu’il s’agisse d’esclavage domestique ou de la traite transsaharienne organisée par des marchands arabes. Les Européens le plus souvent s’insérèrent dans des circuits d’échange préexistants en leur donnant une ampleur inégalée. La très grande majorité des captifs étaient des victimes de guerre qui, bien souvent, s’apparentaient à des razzias effectuées par des chefs africains stimulés par la demande jamais satisfaite des négriers européens. A la suite d’un long périple qui pouvait durer des mois, les captifs atteignaient les côtes américaines. Ils étaient alors parqués dans des baraqueme