Ala veille des 50 ans de la CFDT, née de la CFTC en 1964, Jean-Michel Helvig, ancien directeur adjoint de la rédaction de Libération, livre une monumentale biographie d'Edmond Maire, une somme précise, argumentée, historique. Le secrétaire général de l'organisation de 1971 à 1988 représente à lui seul un «plan de coupe de l'histoire contemporaine». Avec la particularité notable que le héros est toujours bien vivant et plein de convictions, comme en témoigne une récente émission de la Marche de l'histoire (1).
S'il est né la même année que James Dean, en 1931, ce n'était pas la fureur de vivre à l'époque à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). L'enfance d'Edmond Maire est marquée par la guerre et le bruit de bottes de la relève des sentinelles allemandes qu'il entrevoit du soupirail d'un entresol. «Cet orateur de meeting n'aimera jamais les applaudissements. Le soupirail de la rue Claire n'y est pas pour rien.» Issu d'un milieu catholique, dans une «presque dynastie cheminote», Edmond se sent très tôt doté d'une personnalité atypique au sein de sa famille.
C'est chez Valentine qu'il découvre le syndicalisme. A la CFTC, indépendamment de sa référence religieuse. A l'esprit de tolérance familial, il adjoint l'engagement. «Le rejet des conditions de travail telles que je les voyais s'exercer avec les travailleurs immigrés, le rejet du paternalisme, la passivité d'un comité d'entreprise élu mais complètement entre les mains du patron