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Libération
Chronique

«Un trou dans le dos»

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publié le 18 décembre 2013 à 17h06

Vous vous en souvenez peut-être : la semaine dernière, on découvrait qu'un lycéen de 15 ans postulait à l'Académie française. Les retraités du quai Conti en étaient tout émus. Ah la belle jeunesse ! Ah la belle relève ! Après avoir reçu le gamin, Jean-Marie Rouart ne touchait plus terre : «On a parlé de Chateaubriand, de Laclos, c'était merveilleux.» Marc Fumaroli avait l'extase vacharde : «C'est sa grand-mère qui s'occupe de lui. Elle l'aurait aidé à écrire sa lettre de candidature, bien mieux tournée que beaucoup d'autres que nous recevons.» Mais, jeudi 12, fin de la récré : c'est Dany Laferrière, 60 ans, qui a été élu au fauteuil d'Hector Bianciotti. La candidature du jeune Arthur ne recueillait qu'une seule voix, celle de Rouart probablement. La déception de l'ado a été vive, d'autant plus qu'un académicien lui a adressé par la suite un courrier extrêmement désagréable que la grand-mère d'Arthur, scandalisée, nous a transmis afin que nous en vérifiions l'authenticité. Eh bien nous pouvons l'affirmer, cette lettre est parfaitement authentique, hélas !

«Cher Arthur,

«Je ne te félicite pas, petit crétin. Quand on a 15 ans, et ton prénom par-dessus le marché, on rêve de devenir Rimbaud, pas de poser son cul sous la Coupole avec des fossiles. Tu devrais vouloir changer le monde (il en a besoin), pas avoir hâte de te confire la moelle dans l’académisme et le conformisme. Honte à toi, honte à ta génération de badernes en culottes courtes ! C’est sûr, ce n’est pa