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Libération
Critique

Ian McEwan, taupe à la machine

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Littérature et MI5, une comédie d’espionnage pendant la guerre froide.
Ian McEwan en 2011. (Photo Nir Elias)
publié le 8 janvier 2014 à 17h46

Sur un malentendu, c’est du moins ce qu’elle croit, la jeune et accorte Serena Frome est engagée par le MI5, les renseignements intérieurs britanniques. On est dans les années 70, le classement de dossiers dans une pièce au chauffage insuffisant et la dactylographie d’informations fournies par des collègues hommes constituent son seul horizon professionnel. Jusqu’au jour où elle est chargée de recruter, sans qu’il le sache, un jeune écrivain sensément anticommuniste afin que ses livres contrebalancent la production des intellectuels britanniques, pour la plupart engagés à gauche, voire en faveur de l’URSS. C’est le point de départ d’

Opération Sweet Tooth.

Le douzième roman de Ian McEwan, qui se passe en pleine guerre froide, est un roman d'espionnage, si on veut, c'est en tout cas un roman qui parle d'espions. Pas à la manière de John le Carré. Pas non plus comme l'Innocent (1990), autre roman de McEwan qui se passe à la même époque, mais qui raconte une histoire sombre et désespérée dans un Berlin glacial.

Britannité. Ici, le ton est bien plus léger. Avec son habituel et très drôle sens de l'observation sociologique, McEwan redonne vie à l'Angleterre des années 70, entre britannité éternelle et explosion de rock, drogues récréatives et liberté sexuelle. Cela donne des portraits, comme celui de la mère de Serena, «quintessence de l'épouse de pasteur, puis d'évêque, anglican : une mémoire phénoménale des noms, visages