Menu
Libération
Critique

«La Domination», pièce maîtresse de Max Weber

Article réservé aux abonnés
Parution en français de l’analyse par le sociologue allemand des types de pouvoir.
Le sociologue Max Weber en 1971. Les manuscrits, datés de 1911-1913, offrent la plus détaillée, la plus érudite, la plus inventive des analyses des types de pouvoir jamais donnée. (Photo DR)
publié le 8 janvier 2014 à 17h26

Ses professeurs de lycée le disaient indiscipliné. En réalité, timide et réservé, il en avait une autre, de discipline : à 14 ans, il rédige deux essais, sur l’Empire romain et sur les rapports de l’histoire allemande à la papauté, dévore Homère, Virgile, Cicéron, Machiavel, Goethe, puis Spinoza, Kant, Hegel, Nietzsche, Marx… Ce n’est que pendant son service militaire, à Strasbourg, qu’il s’adonnera à une vie de bagatelles et de beuveries. A l’université, il étudie la philosophie, l’histoire, l’esthétique, la théologie, le droit et l’économie, et, à 24 ans, achève à Berlin sa thèse sur les sociétés commerciales au Moyen Age. Immédiatement après, il obtient son habilitation à l’enseignement supérieur avec une étude sur les institutions agraires de l’Antiquité.

Bon sang ne saurait mentir : aîné de huit enfants, né à Erfurt le 21 avril 1864, Max Weber vient d’une famille protestante aisée et cultivée. Son père, héritier d’une lignée d’industriels du textile, est magistrat, haut fonctionnaire, député du Parti libéral-national : il a épousé Helene Fallenstein, femme de lettres et de religion tenant salon. Dès son plus jeune âge, Max Weber côtoie des politiciens et des intellectuels tels que les historiens Hermann Baumgarten (son oncle) ou Theodor Mommsen, futur Nobel de littérature (1902), le philosophe Wilhelm Dilthey, le politicien Rudolf von Bennigsen, proche collaborateur de Bismarck, qui tous fréquentent la «maison Weber»