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Divan au long cours

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Moustapha Safouan, figure de la première génération lacanienne, remet la psychanalyse sur le métier, avec ses débuts viennois et la relance par le «maître»
Mustapha Safouan. (Photo Thierry Marchaisse )
publié le 15 janvier 2014 à 17h06

Cela arrive qu'un professeur, allant à l'estrade, trébuche gauchement. Comment se comportera le bon enseignant ? Il fera semblant de rien ? Il s'énervera et grondera les élèves ricaneurs ? Ou alors, exploitant le petit incident, en profitera-t-il pour montrer que la situation d'un maître n'est jamais «stable» ni assurée, que l'étude, l'acquisition des connaissances et la recherche de la vérité ne vont pas sans égarements, erreurs et vacillements ? S'il aime à raconter cet apologue, c'est que Moustapha Safouan l'applique d'abord à son propre travail de psychanalyste, et à la psychanalyse : toute pratique est incertaine, tout savoir est faillible. Représentant éminent de la première génération «lacanienne» (Jean Laplanche, Serge Leclaire, Jean-Bertrand Pontalis, Octave Mannoni, Maud Mannoni…), déjà à la tête d'une œuvre notable, accueillant ses patients depuis… plus de soixante ans (un record !), Safouan n'aurait-il pas acquis cette sorte de «sérénité» le dispensant de remettre son ouvrage sur le métier ? Il faut croire que non, si l'on en juge par la Psychanalyse : Science, thérapie - et cause, dans lequel, inlassablement, il apporte de nouveaux éclairages à l'histoire de sa discipline, précise le sens du «legs» de Jacques Lacan, cisèle tel ou tel concept, peaufine la notion de «formation» de l'analyste…

Prison. Né en 1921 à Alexandrie, d'une mère au foyer et d'un père instituteur, Safouan vit une enfance tranquille en Eg