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Tchicaya U Tam’si, rythmes riches

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Le cahier Livres de Libédossier
Toute la poésie du Congolais, du lyrisme à l’amertume
publié le 15 janvier 2014 à 17h06

Gérald-Félix Tchicaya signe son premier poème à l'âge de 17 ans. C'est un hymne, adressé au Rassemblement démocratique africain (RDA) de Félix Houphouët-Boigny, dans lequel il exhorte la Côte-d'Ivoire à lutter contre le pouvoir colonial. Député du Moyen-Congo et du Gabon à l'Assemblée nationale, son père le fait lire à un collègue martiniquais, un certain Aimé Césaire, accessoirement pilier de la négritude. Verdict : «Votre fils est poète.» Et comment ! La tradition critique veut que l'on assimile Tchicaya U Tam'si (nom de plume adopté par l'auteur à la fin des années 50, signifiant «petite feuille qui parle pour son pays») à rien moins qu'un «Rimbaud noir».

D’un point de vue biographique, la comparaison se justifie déjà par la précocité des deux écrivains, même si Arthur l’emporte à ce jeu-là. Aussi, le poète congolais, arrivé à Paris dans les valises de son père après la Seconde Guerre mondiale, partage avec l’enfant de Charleville une même aversion pour l’école. Handicapé d’une jambe, le petit Tchicaya essuie les moqueries de ses camarades dans la cour de récré, où sa solitude forcée lui vaut d’être surnommé «le poète».

Manutentionnaire. L'écriture naît en réaction à cette dérision. Il fugue dans le Massif Central, devient garçon de ferme, est ramené manu militari au lycée, quitte définitivement le foyer familial et la salle de classe, se fait tour à tour vendeur de journaux, manutentionnaire, laborantin, portier… côtoie Jules