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critique

Génération internés

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Désillusions politiques et remise en question du Net par un Webaddict parisien.
La désillusion politique provoque une mise en question globale de cette génération d'internés du Net. (Photo AFP)
publié le 22 janvier 2014 à 17h06

Paris, mai 2014. Sur les réseaux, Paul est un blogueur politique influent, admiré et

trollé

; mais entre ses quatre murs, bien réels, bien trop proches, c’est un auteur inadapté, désabusé. Il vit, avec Rachel et leurs deux fillettes, dans un ersatz d’appartement. De la

«chair à loyer»,

comme on en trouve à presque tous les étages dans la capitale. Ils sont loin des

«révoltés [qu’ils pensaient] encore incarner à 35 ans passés».

Mais qu’espérer d’autre ?

«Elle servait en magasin. J’étais un poète. Nous n’avions aucun diplôme remarquable. Selon les standards de l’époque, nous étions des merdes.»

Lui, il représenterait même la

«gauchiasse»,

comme le crachent les détracteurs de cette ligne de front numérique qui a contribué à porter un candidat socialiste au pouvoir en mai 2012.

Came-info. Mais deux ans plus tard, les espoirs sont douchés : «Si nous avions chassé l'Adversaire, sa vision de l'économie persistait. Nous avions défendu un programme de gauche auquel Notre Candidat, une fois élu, renonçait en un été pour un social-libéralisme assumant mal son austérité.» Paul désenchante à longueur de billets de blogs, de tweets. «Et nous, les blogueurs, avec nos espoirs et nos milliers d'articles, qu'avons-nous changé ? Que reste-t-il de notre média révolutionnaire ? Internet aurait raison de la parole verticale et chacun brillerait. Tu parles ! […] Nous ne changeons rien, nous sommes modifiés. Nous d