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chronique

Sollers, le contre-fou allume les fous

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publié le 22 janvier 2014 à 17h06

«Eh bien, la magie continue.» La première phrase de Médium, le nouveau roman de Philippe Sollers, semble d'abord concerner un «petit restaurant avec terrasse» de Venise mais nul doute qu'elle concerne aussi la vie en général, à défaut d'un rapport joyeux de l'auteur à la modernité d'aujourd'hui. Philippe Sollers a surgi dans le monde littéraire en 1958 avec Une curieuse solitude, auteur on ne peut plus moderne puisqu'il n'avait pas encore 22 ans, encensé par Louis Aragon et François Mauriac. A partir de Drame (1961) et avec l'aventure Tel Quel au Seuil, il devient un représentant de l'avant-garde. L'épisode suivant, avec l'Infini chez Gallimard, le montre en portraitiste de son époque avec Femmes (1983) et Portrait du joueur (1985). Il est également ce personnage médiatique aussi présent dans la presse écrite qu'à la télévision.

Médium analyse le temps d'après. Il y est beaucoup question de folie et de «contre-folie» dont le narrateur veut rédiger un manuel. «Vous êtes fou, c'est entendu, mais vous n'avez aucune raison de préférer la folie des autres à la vôtre.» Celle des autres, «elle est lourde», contrairement à la sienne que le narrateur a «la folie (c'est le mot) de trouver enchantée, légère». Ce «manuel de contre-folie» ressemble à un manuel de contre-modernité, et pas seulement parce que le «professore», ainsi que ses amantes d