«Okay, this looks bad…» OK, ça s'annonce mal. Répétée à l'envi par le héros (jeté du 12e étage, plongeant dans une piscine sous une pluie de balles…), cette devise vaut aussi pour la BD. Comme nombre de séries consacrées à des seconds couteaux de Marvel, le sort de Hawkeye semblait joué d'avance : quelques numéros et rideau, faute de lecteurs. Si le nom du dessinateur David Aja semblait un gage de qualité, la présence auscénario de Matt Fraction, en revanche, faisait craindre le pire. Libéré de toute pression éditoriale, il signe pourtant un des comics les plus enthousiasmants de ces dix dernières années.
Le point de départ est simplissime : Clint Barton, alias «Hawkeye», est membre des Avengers aux côtés de Captain America et d'Iron Man. Entouré de surhommes, ce faire-valoir hâbleur et dragueur dispose d'un arsenal digne du paléolithique : un arc et quelques flèches. Fraction, lui, se concentre sur le quotidien de Hawkeye lorsque son costume est au Lavomatic. Pas de menace interplanétaire, seulement un paquet de petits mafieux qui magouillent sur le dos de prolos à Brooklyn. Un récit à la première personne, embedded dans la tête de Barton, mi-flic de proximité mi-007 de pacotille, aussi prompt à perdre ses gadgets qu'une godasse au milieu d'un combat.
Drôle et rafraîchissant, Hawkeye est un objet pop. Méticuleusement composées, les planches d'Aja sont à la fois disciplinées et audacieuses, entre répétitions d'images, boucles visuelles et