Que se passe-t-il entre les murs d’un hôpital psychiatrique ? Et comment le raconter en dessins ? C’est le travail auquel s’est attelée Lisa Mandel
(Nini Patalo, Esthétiques et filatures),
avec sa série
HP,
entamée en 2009 et dont le deuxième tome vient de sortir. Elle vise une grande fresque de plusieurs volumes racontant la psychiatrie en France, des années 60 à nos jours. Mais pas n’importe comment, puisqu’il s’agit de s’appuyer uniquement sur des témoignages d’infirmiers. La dessinatrice relate de son trait espiègle les anecdotes parfois drôles, souvent cruelles, qui oscillent entre humanité, humour noir et fatalisme. Il a fallu attendre quatre ans pour pouvoir enfin lire le tome 2,
Crazy seventies,
qui se concentre sur la période de 1974 à 1982. Lisa Mandel entame ce nouveau tome avec la mise en place de la circulaire de 1960, relative à la sectorisation, qui a marqué un tournant dans le traitement des maladies psychiatriques.
Avez-vous senti en étudiant le sujet qu’il y avait un avant et un après ?
La circulaire de 1960 a vraiment ouvert une brèche énorme en psychiatrie. Là où avant c’était vraiment «garder les fous», dans un asile d’aliénés fermé, on passe à l’idée de traitements curatifs, on se préoccupe du bien-être des patients, et de la réhumanisation de l’hôpital psychiatrique qui avant ressemblait vraiment à l’univers carcéral. Le premier et le deuxième tome sont les deux versants d’une même période. Dans le premier, on s’attache plus aux anciens services mais on est déjà dans la transition. Le deuxième s’attache p