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Le salut par le jupon

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Drôle de couple dans la Grande Guerre.
«Mauvais genre». (Photo Editions Delcourt 2014, Cruchaudet)
publié le 29 janvier 2014 à 17h06

«L

ouise Landy, acceptez-vous de prendre pour époux Paul Grappe pour le meilleur et le pire ?»

lui demande le maire. La jeune femme accepte. A ce moment-là, elle sait déjà que ce n’est pas une union comme les autres. A peine le temps de s’embrasser, les jeunes mariés sont obligés de courir sur le quai de la gare pour que Paul puisse attraper le train. En tenue militaire. Direction la caserne. 1914, la guerre est proche. Pas de panique, elle sera courte, tout le monde le sait.

Dans Mauvais genre (Delcourt), Chloé Cruchaudet s'attaque à la Grande Guerre et aux années folles, à travers la vie de Paul Grappe, alias Suzanne Landgard. Caporal, il fuit la ligne de front effaré par la mort, la boue et les explosions. Il se cache pendant des années, aidé par son épouse. Mais, ne pouvant plus résister à l'envie de sortir, il décide un jour de se travestir en femme. Cela dure dix ans, jusqu'à l'amnistie des déserteurs.

Cette vie en marge, mais révélatrice des tensions d'une époque, est restée plus ou moins inconnue jusqu'à la sortie en 2011 de Histoire de Louise et de Paul, déserteur travesti, dans le Paris des années folles (Payot) des historiens Fabrice Virgili et Danièle Voldman. «C'était cette tension autour du genre qui m'intéressait. Comment, par nécessité, on peut être amené à changer d'identité», raconte Chloé Cruchaudet.

Prix. On la rencontre, à Paris, dans un café du boulevard Bonne-Nouvelle. A 37 a