45)Ah, voilà, je crois que je viens de comprendre pourquoi je suis un auteur de fiction. Voilà, c’est parce que la réalité me dégoûte. Parce que le monde me désespère. Ce monde est à vomir. Je blague. Arrêtez, je blague. Je sens l’hiver qui arrive, c’est tout, qui commence à glacer les os. Je blague. Nous allons bientôt cailler des meules. J’essaie de le prendre avec philosophie. C’est drôle, à 20 ans, j’avais l’impression d’étouffer et je sens que ça revient aujourd’hui, j’ai tendance à tirer sur mon col pour me donner de l’air et j’ai la bouche atrocement sèche aussi. Lorsque nous serons en hiver, un petit panache de vapeur sortira d’entre mes lèvres. A moins qu’on ait pulvérisé la moitié de la planète d’ici là, que nous nous soyons anéantis d’une manière ou d’une autre. Quoi. Non mais je plaisante. Celui qui n’a pas d’humour finit par crever sur place et personne ne le regrette, personne.
46) Belharra était formidable cette année. De la côte, la vague géante était déjà superbe, mais sur YouTube, elle était fantastique. J’ai vu les deux. Je me suis demandé pourquoi j’étais allé me les geler en plein vent, sans parler des encombrements du retour. Nous en sommes là. Englués dans un moment crucial de notre histoire - figés devant la vague sombre dont nous ne prenons pas la mesure et qui se rue sur nous dans un grondement.
47) Je pense à ceux qui s’étranglent. Je pense à ceux qui gémissent de rage, qui sont blancs de colère. Je pense aux gardiens de la Morale. Je pense à l’Inqui