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Libération
critique

Astérisques et périls

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Avec «Epilogue», Gérard Genette conclut-il son autobiographie ?
publié le 5 février 2014 à 17h26

Le lecteur aime les épilogues, mais les craint. Abandonnant un monde qui l’a créé, il vit ligne à ligne ses derniers moments. C’est lui qui va mourir, non l’auteur. Gérard Genette, 83 ans, publie

Epilogue,

quatrième mouvement de ce qu’on pourrait appeler une suite autobiographique, fragmentaire et critique. Donnons le ton :

«Dans mon village se trimballe justement un grand conteneur, sans doute municipal, orné d’une pancarte qui en indique la fonction :

déchets ultimes

. Quoique incertain sur la définition de cette ultimité-là […], j’ai, un temps, envisagé d’en emprunter la formule, pour intituler un livre - on voit lequel. Or voici qu’aujourd’hui ladite indication prend un sens plus macabre, qui me dissuade de tout détournement à fin d’autodérision goguenarde : je retrouve la baladeuse plantée, bien en vue, à la porte du cimetière.»

Autant éviter, le plus longtemps possible, le symbole et l’endroit.

Caissières. Bardadrac a été publié en 2006 ; Codicille, en 2009 ; Apostille, en 2012. Ce triptyque ou cette trilogie sous forme d'abécédaire (il revient avec son ironie coutumière dans Epilogue sur ces qualifications possibles, que la parution du nouveau livre rend caduques) est un fourre-tout organisé à la Montaigne, une grande réflexion intime en mode mineur. Celle d'un grand intellectuel sensible à tout, depuis les caissières mauriciennes de la supérette d'en face, à qui il passe s