Le lynx vire au rougeâtre, l’écureuil rouge au gris ardoisé et l’hermine rousse au blanc. Certains animaux, au lieu de changer la couleur de leur parure, accumulent des provisions, comme les rats musqués et les castors, ou épuisent la graisse accumulée en fin d’été. D’autres migrent. Les abeilles se calfeutrent et se resserrent en grappe dans les ruches ou les abris naturels. Les végétaux aussi ont leur
«stratégie adaptative»,
pour résister au froid. Et les hommes ? Eh bien, pour faire face aux frimas, ils ne se sont pas contentés de se vêtir, de peaux puis de vêtements sophistiqués et efficaces : ils ont inventé des fêtes et des liturgies, des chants et des poèmes, des folklores, des saints protecteurs, des mythes, des visions de l’enfer, des outils et des techniques, des œuvres d’art, des rituels et des usages sociaux, des cosmogonies, des sagas, des sciences et des philosophies !
Sensibilité. La «nouvelle histoire» a désormais l'habitude de prendre pour thème de recherche des objets «improbables» : les rivages, les couleurs, des personnages inconnus, le goût, le propre et le sale, la vitesse, le corps, la peur, les jeux et les jouets, les larmes ou les odeurs. Mais il fallait une certaine audace à l'historien suisse François Walter pour entreprendre une… histoire de l'hiver - car celle-ci ne peut être que «totale», et implique que l'on fasse, si on peut dire, «feu de tout bois», celui de la météorologie et de la culture, de l'éc