Les périodes électorales ne sont guère favorables aux ventes de livres, sauf quand la SNCF s'en mêle. Sa régie publicitaire vient de refuser une campagne pour un polar des Editions de l'Archipel au motif que les affiches concernées présentaient «un caractère politique». La pub montrait la couverture du roman (Rose Sang, d'Annabelle Demais) avec un bandeau clamant «Marseille, son Mucem, ses meurtres». Ceci a posé problème aux chemins de fer : «L'utilisation délibérée d'un message dénigrant à l'égard de la ville de Marseille […] pourrait être assimilée à un message politique en période électorale et dans le contexte actuel», a justifié la régie Mediagares. L'éditeur a crié à la «censure», d'où effervescence autour du livre, d'où ventes. On imagine que c'est la référence aux meurtres qui a été jugée dénigrante, et non celle au Mucem (Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée), bien qu'on ne soit plus sûr de rien par les temps qui courent.
Le roman a pour héroïne une journaliste qui, témoin d'assassinats, finit par faire le lien entre le milieu de la culture à Marseille et le Milieu tout court. En règle générale, si les petits meurtres entre amis ne sont pas rares dans le secteur culturel, cela va rarement au-delà de la métaphore, principalement parce que ce petit milieu sans majuscule a du mal à se procurer des Kalachnikov. Car, à supposer que les Drac fournissent des fusils d'assaut aux artistes et aux fonctionnaires,