Que feriez-vous si vous n’aviez plus qu’une heure à vivre ? Certes, peu de situations concrètes correspondent à cet exercice : Socrate quand il a bu la ciguë ou le prisonnier texan dans le couloir de la mort après le rejet de sa dernière grâce… Il n’empêche, qui n’a jamais joué à ce jeu ? L’auteur nous dit en tout cas s’y être livré, lui, de façon impérieuse ; il n’a pas vu venir le projet qui s’est emparé de lui presque à son corps défendant. C’est d’ailleurs ce qui fait l’intérêt de ce petit livre à l’écriture spontanée, hachée, poétique, associative, bref tout sauf académique.
Quel est ce jeu plus sérieux qu’il n’en a l’air ? On s’y met au moment où il n’y a plus d’avenir, quand le passé devient obsolète. Quand est finie l’heureuse ignorance qui permettait de jouer avec des possibles, de supputer des chances de… Quand tout cela est clos. Va-t-on voir alors défiler sa vie comme dans le cauchemar de celui qui tombe au fond d’un ravin ou, comme dans la nouvelle d’Edgar Poe, de l’homme attaché au fond d’un puits qui voit descendre la faux prête à lui trancher la gorge ?
«Piètre ruse». Dès la page 36, vous aurez la réponse de Roger-Pol Droit. Il ferait la seule chose qu'il dit avoir su faire à peu près : «J'écrirais/une heure à peine/mais libre, autant que faire se peut/sans que qui que ce soit me demande si c'est philosophie ou autre chose, poésie ou genre différent.» La mise en page est importante, elle reflète la liberté de l'écr