De 1986 à 2001, avant de devenir la tête de pont du polar nordique, l’Islandais Arnaldur Indridason a été critique de cinéma. Son écriture s’apparente de fait à du scénario, voire du synopsis, très factuelle, concrète, dépouillée, étique parfois. Une mélancolie sourde, qui suggère que ses goûts l’inclinent plus vers Kiarostami ou alors Kitano pour l’absurde, que James Cameron, mais il faudrait vérifier avec lui.
Le Duel est en tout cas un roman (son douzième) sous influence du septième art. Pas seulement parce que la victime est Ragnar, un adolescent addict aux salles obscures qu'il fréquente seul, mais jamais sans son magnétophone. Le duel du titre, qui renvoie au championnat du monde d'échecs qui s'est disputé à Reykjavík à l'été 1972 entre l'Américain Bobby Fischer et le Russe Boris Spassky, est traité comme un suspense de première catégorie qui vaut bien un Piège de cristal. Stress et caprices de Fischer auxquels répondent flegme et politesse de Spassky. Un condensé de guerre froide, avec poussées d'adrénaline afférentes.
Disciple. «L'Islande n'avait pas connu une telle agitation depuis l'occupation par l'armée britannique pendant la Seconde Guerre mondiale», «Nous vivons sur une île loin au nord et nous sommes tout à coup le centre du monde.» Le thème de l'Islande petit pays bousculé par l'Histoire, ainsi que l'urbanisation, la consommation, la mondialisation, est constant chez Indridason.
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