Dans son sens originel, l’économie serait l’ensemble des règles (
nomos
) que suscite la gestion de la maison (
oïkos
), du «foyer», si l’on entend par là le «lieu», autour du feu où se seraient installés, passant du nomadisme à la sédentarité, nos lointains ancêtres. Sans même envisager l’élargissement de l’
oïkos
en clan, puis en tribu, puis en «société», on devine que règles et lois touchent tous les domaines de la vie - les structures familiales, les hiérarchies, les rapports entre sexes, les rapports aux dieux, l’éducation des enfants, la chasse, l’agriculture, l’échange, les unions, la guerre… - et forment ainsi des «activités» particulières : le travail, la politique, l’art militaire, la pédagogie, la religion…
Depuis, le sens de «économie» s’est restreint et a fini par ne désigner que la gestion des rapports qui passent par la production, la marchandise ou l’argent. Mais il semble improbable qu’elle n’ait pas gardé trace, «inconsciente», de sa signification primitive, ou qu’elle n’ait pas conservé dans son fonctionnement même des «structures» ayant quelque parenté avec celles qui régissent la politique, le rapport au sacré, l’éducation ou tout simplement le psychisme humain. Il n’est d’ailleurs pas besoin de chercher midi à quatorze heures, puisqu’il apparaît à l’évidence qu’il y a une économie politique et des pulsions de pouvoir, que dans la religion il est question de demande (prière) et d’offrande, qu’en dehors de toute relation marchande on p