Menu
Libération
Interview

American psychotrope

Article réservé aux abonnés
Rencontre avec Tao Lin, qui dans «Taipei» met tout ce qu’il sait sur les drogues «pour ne plus avoir à y revenir».
(Photo cheese_colored_mumu. Flickr)
publié le 26 février 2014 à 17h06

«Avec Taipei, Tao Lin devient le styliste le plus intéressant de sa génération.» C’est Bret Easton Ellis qui le dit en quatrième de couverture. La citation, déjà reprise par l’édition américaine du livre, vient du compte Twitter de l’auteur d’American Psycho, et elle est tronquée. Ellis avait écrit : «Avec Taipei, Tao Lin devient le styliste le plus intéressant de sa génération, ce qui ne veut pas dire que Taipei n’est pas un roman ennuyeux…» Moins vendeuse, la suite est pourtant pertinente, reliant les notions d’ennui et de génération, effet de la cause et cause de l’effet chez l’aîné. Que faisait-on, à la lecture de Moins que zéro (1985), sinon s’ennuyer ? Presque trente ans après, Taipei reprend les codes de la fête et des drogues. Entretemps, Facebook, l’iPhone et tout ce qui a numérisé le rapport à soi et aux autres. En résulte un refroidissement de l’écriture même, une distance d’un écran à l’autre. La robotisation n’empêche pas le crève-cœur, car si les téléphones sont intelligents, pourquoi ne seraient-ils pas sensibles ? De passage à Paris, le New-Yorkais reçoit de bonne heure. Il a un smiley dessiné sur la main et le calme débit du fumeur de joints.

Pourquoi y a-t-il tant de drogues, en quantité et en variété, dans Taipei ?

C’est que c’est très autobiographique. Et puis il n’y avait pas de drogues dans mes deux précédents romans, à part le café et l’alcool. Je me suis dit que, si je me lançais là-dedans, ce livre devait contenir tout ce que je savais à ce propos, pour ne plus avoir à y