New York est ailleurs, puisque tout le monde se sent libre d'y devenir n'importe qui. C'est le lieu où un vent dur vous redresse et vous porte, si vous êtes assez fort pour qu'il ne vous allonge pas. C'est pourquoi, de là-bas, il est facile de voir la France comme un lieu sans respiration, sans avenir et sans liberté. Contrairement au héros de son nouveau roman, un ancien boxeur sans nom natif du Bourget (93), Jean-Eric Boulin n'a jamais pratiqué la boxe et il est né voilà trente-six ans à Marseille, «cette gigantesque poussée de lumière venant de la mer». Mais, comme lui, avec une Américaine de Caroline du Nord, il habite désormais Brooklyn, où la lumière jaillit tout aussi violemment que dans le Panier.
Il est arrivé ici le 1er novembre 2008, «free style, sans projet, trois jours avant l'élection d'Obama», et il a assisté à une investiture dont le symbole n'est pas étranger à son livre. Il avait «deux potes» et pendant trois mois, comme son héros, il a vécu : «Je lisais le New York Times, je fumais des clopes, je buvais des cafés, je prenais le métro et j'allais marcher partout. Je menais une vie de sybarite et tout était incroyable. Puis, pendant quatre ans, j'ai été un fruit sec.» Depuis, l'écrivain est devenu correspondant pour Jeune Afrique et, de temps à autre, l'ancien employé du protocole à la mairie de Paris travaille pour l'ONU.
Fleurs bleues. En débarquan