On s'était donné rendez-vous samedi dernier pour une interview, mais Edouard Louis, ne supportant plus la pollution, a quitté Paris précipitamment pour respirer. Le jeune homme l'écrit dans son premier roman, En finir avec Eddy Bellegueule. Pas le lapin, mais l'asthme, «la fine pellicule grisâtre» qui se dépose au fond de sa gorge les jours de printemps. La vérité gît dans les détails. Quelques semaines auparavant, au restaurant, entre les deux menus, celui qui propose de la viande, et l'autre du poisson, Edouard Louis n'a pas le choix. «Comme ceux qui ont lu le roman le savent, je ne peux pas manger de poisson.» Dans En finir avec Eddy Bellegueule, il y a aussi la fierté de sa grande sœur, qui rêve pour lui de l'avenir de «Brad Pitt», celle de sa mère, qui répète de différentes manières dans des propos en italique, que son fils est «l'intello de la famille», qu'il est «fort à l'école mais pas très malin», qu'il est promis à de brillantes études, etc. Et son père qui lui dit : «Je t'aime.» Et qui, plus d'une fois, prend la défense de son fils. Même les deux garçons qui le persécutent dès l'entrée au collège sont ses plus grands fans, lors de la fête de fin d'année, qu'on suppose être en troisième, où Eddy Bellegueule, joue une petite pièce inventée pour l'occasion - montrant ainsi que l'écriture ne date pas d'aujourd'hui. «Ils ont entonné mon prénom Eddy, Eddy, jusqu'à être suivis par tous les villag
Phénomène
Délit de «Bellegueule»
Article réservé aux abonnés
Edouard Louis à Lyon, en févirer. (Photo Félix Ledru)
par Anne Diatkine
publié le 18 mars 2014 à 17h06
Dans la même rubrique