Je ne connaissais de l’Autriche que Vienne, même si j’avais passé quelques heures à Klagenfurt, il y a des années, quand, venant de Berlin pour aller à Trieste, en voiture, je m’y étais arrêté, principalement pour voir la maison natale d’Ingeborg Bachmann, et lorsqu’un jour un journaliste me téléphona pour me demander si cela m’intéressait de le suivre à Klagenfurt où il voulait enquêter sur l’après-Jörg Haider, je n’hésitai pas, je lui dis oui tout de suite.
J’ai pris le sac de voyage, fermé la porte de mon appartement et je suis descendu. J’ai marché un moment en direction de la gare Meidling puis je me suis arrêté. J’ai rebroussé chemin, je suis remonté, j’ai rouvert la porte de l’appartement, j’ai jeté mon passeport iranien sur le canapé et je suis reparti. Dans la rue, j’ai palpé ma poche pour m’assurer que j’avais bien ma carte de résident autrichien avec moi : c’était bon.
J’allais faire l’aller-retour dans la journée, c’est pourquoi je fus surpris d’éprouver, une fois arrivé à la gare, un sentiment d’attachement à Vienne. Ce sentiment, j’en faisais l’expérience à chaque fois que je me rendais à l’aéroport pour prendre un vol, comme si mon être jetait alors l’ancre, pour que, même éloigné, il puisse, par une sorte de volonté de puissance, revenir dans son chez-soi, sa clarté.
J’ai trouvé le journaliste dans le train et nous sommes arrivés à Klagenfurt quelques heures plus tard, sous un ciel bleu et un soleil implacable, accueillis pour ainsi dire par Christine Lavant, In