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Critique

Campus et coutumes

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Le cahier Livres de Libédossier
Ricardo Piglia tisse une intrigue avec bombes et stars universitaires.
Le campus de l'université de Princeton où Ricardo Piglia a été professeur pendant plus de dix ans. (Photo Reuters)
par Ruben Gallo
publié le 19 mars 2014 à 18h26

Cet article a été réalisé dans le cadre du «Libé des écrivains».

On peut lire

Pour Ida Brown,

le nouveau roman 
de Ricardo Piglia, comme le premier pas de l’écrivain argentin dans le genre du «campus novel». Sans même parler des Nord-Américains - de F. Scott Fitzgerald à Don DeLillo -, il existe une longue liste de Latino-Américains ayant écrit sur la culture exotique et insulaire des campus américains : le programme des 

écrivains de l'université d'Iowa, entre autres, a été parodié dans une bonne douzaine de livres, dont Ciudades Desiertas (1982, non traduit), du Mexicain José Agustin.

Pour Ida Brown se déroule à Taylor University, une institution imaginaire qui rappelle beaucoup l'université de Princeton, où Piglia a été professeur invité pendant plus de dix ans. C'est un petit campus près de New York, dans le New Jersey, où professeurs et étudiants cohabitent dans une ambiance de monastère intellectuel. Le narrateur, Emilio Renzi, un intellectuel de Buenos Aires, doit effectuer des séminaires sur le naturaliste anglo-argentin W.H. Hudson. Il observe les particularités de la culture universitaire américaine avec l'étonnement d'un voyageur débarquant dans un pays exotique. A Taylor, il connaît Ida Brown, fondatrice du département de «Modern Culture and Film Studies» - une star du monde universitaire : toujours au fait des dernières théories, elle voue sa vie à des batailles intellectuelles décrites avec beaucoup d'humour. Jeune, elle est devenue célèbre en attaquant publiquement le théoricien Paul de Man. Depuis, elle emploie sa carrière à lutter contre les «cellules derridiennes» et le «comité central de la déconstruction». Elle a une passion pour la politique et confie à Renzi que, pour elle, les verbes se battre et débattre vont