Article réalisé dans le cadre du «Libé des écrivains».
A la différence des récits de rêve, un livre de souvenirs d’enfance a toujours, pour moi, avant même d’être ouvert, quelque chose de magique. Toutes les aventures de l’enfance sont singulières. Il y en a d’heureuses, d’indifférentes, de tragiques. Et tous les récits qui en sont fait m’attirent, tellement plus imprévisibles, variés, surprenants que les centaines de romans interchangeables que l’actualité littéraire déverse chaque année dans les librairies.
La part de son enfance que nous raconte Alain Corbin dans Sois sage, c'est la guerre , offre en outre, pour le vieil homme que je suis, de trois ans son cadet, l'attrait particulier du moment historique qui a marqué la mienne : la Seconde Guerre mondiale, en France, de 1939 à 1945. Ces années, pour qui les a vécues, furent chargées d'événements. Mais le très jeune Alain Corbin a eu droit, on pourrait presque dire, à une surcharge : il s'est trouvé non seulement dans l'Exode, mais «enfoui, entre l'irruption des Allemands et celle des Américains, au cœur de deux mondes aujourd'hui disparus» qu'il désigne, en grand connaisseur de la France écrite du XIXe siècle comme celui «de Barbey d'Aurevilly» et «celui de Maupassant». Une des grandes qualités de son livre est l'absence de toute surenchère romanesque. Les images insérées sont choisies avec soin. Les portraits des personnes qui eurent le plus grand rôle dans cette histoire sont co