Article réalisé dans le cadre du «Libé des écrivains».
Tas de chair, de foutre et gros fatras. Les mots d’emblée s’emmêlent, tout comme les corps de nos protagonistes, putains ouvertes et crasseux acerbes. Attention, les paroles ont beau se perdre dans l’infini des trois petits points qui les encadrent, les mots pleuvent dru et pas des moindres :
mowey, moussou, bourron, gargouillet,
ou encore
beurdin
et tant d’autres qui chantent à notre oreille d’abord stupéfaite. Et des
que
, des
que,
des
que
à n’en plus finir parmi lesquels surnagent les
chattes
et les
mandrins
. Guyotat ne cherche pas à plaire, il cherche à défaire, nos habitudes, nos attentes narratives, nos schémas syntaxiques.
Mais où est-on ? Dans un bordel, et l’on se perd sous l’amas des femelles offertes devant derrière qui vous regardent de biais tandis que les hommes, fils, père, beau blond, ne sont pas en reste, tel ce géant dont le membre énorme risque de déchirer les orifices des professionnelles qui n’auront plus qu’à attendre le véto et sa boîte à outils, histoire de recoller les morceaux avant d’engloutir à nouveau les virilités poisseuses qui viennent dépenser quelque sou entre deux chantiers. Quant aux morpions, ils ne sont jamais loin de nos joyeux animaux. Et puisque l’art de jouir ne connaît pas le mauvais goût, la coprophagie s’invite à la fête ; et sur de noirs étrons jaillissent des fleurettes. L’écriture nous prend à la gorge plutôt qu’à la tête, on